Pourquoi accorder une importance à la révision médicamenteuse ?
Selon l’OMS, l’espérance de vie de la population a considérablement augmenter en un siècle de temps. Nous parlerons d’une double augmentation du nombre de personnes de plus de 60 ans d’ici 2050.
Le risque de développer plus de maladies (notamment chroniques) lorsque nous sommes plus âgés augmente ainsi que le nombre de médicaments administrés.
Cette augmentation de prise de médicaments s’observe plus fréquemment dans les groupes sociaux plus précarisés.
En effet, nous parlerons de polymédication à partir de 5 médicaments administrés au patient et d’hyperpolymédication, équivalent à la prise de 10 médicaments ou plus.
Quelles sont les conséquences de la médication/poly- et hyper-polymédication ?
Actuellement, nous avons 30% des hospitalisations de patients de plus de 65 ans liés à la polymédication.
Si nous nous attardons sur les chiffres, il y aurait 13% de risque de comorbidités lors de la prise de 2 médicaments en lien avec les effets secondaires directs. Il y aurait également 38% de comorbidités avec la prise de 4 médicaments et 82% de comorbidités avec 7 médicaments ou plus.
Les conséquences seraient également une diminution de la compliance thérapeutique et une augmentation du risque de chute pour ces patients.
Ces conséquences entraineraient un allongement des durées d’hospitalisation, un surcoût pour les systèmes de santé, une diminution de la qualité de vie des patients, et une augmentation de la morbi-mortalité.
Quels sont les moyens existants pour lutter contre ces conséquences et mis en place par nos intervenants ? Résumé des présentations
L’approche médicale et gériatriques – Présentation des Dr De Blauwe et Baudouin:
Méthodologie :
L’outil STOPP/START :
C’est un outil de réconciliation médicamenteuse à la sortie d’hospitalisation.
Cet outil reprend des listes de médicaments inappropriés chez le patient âgé et il met en lien les interactions médicamenteuses et le risque de comorbidités.
Actuellement, il y a un établissement d’une feuille de réconciliation médicamenteuse à la sortie d’hospitalisation qui est remise au patient pour le médecin traitant avec une copie dans la lettre d’hospitalisation.
Résultats : il y a 74,5% de la polymédication et 31,8% de diminution de l’hyperpolymédication. Il y a également plus de 75% de maintien des changements de traitements faits en intra-hospitalier.
UpToDate :
application pour lutter contre les interactions médicamenteuses
Critères de Beers :
Cet outil répartis les médicaments ou classes thérapeutiques en 5 catégories distinctes. Utilisé aux USA.
70% des erreurs de prescriptions surviendraient lors d’une admission à l’hôpital.
Constats :
- Il serait préférable de réévaluer la médication au moins 1x/an
- Implication de la famille et du patient dans la révision médicamenteuse
- Le médecin généraliste joue un rôle central au sein de cette révision
- Mettre en partenariat l’hôpital de jour avec le médecin de ville.
L’approche pharmaceutique – Présentation de S. Pirlot et F. Lamboray:
Problèmes rencontrés par les pharmaciens : les données médicales sont souvent insuffisantes.
Les résultats montrent une hyper-polymédication chez les PA (personnes âgées), c’est-à-dire avec une moyenne de 10 médicaments par patient.
Méthodologie au quotidien :
- Amélioration des révisions médicamenteuses pour les maisons de repos (MR)/ maisons de repos et de soins (MRS) en PMI
- Construction des formations pour les pharmaciens des équipes officinales et pour les concertations avec les équipes de soins
- Répondre aux questions du personnel des MR/MRS
- Soulever les incohérences, les interactions, les moments de prise inappropriés dans les traitements des patients
- Traitement des fichiers PMI et analyse des comparatifs entre les anciennes et les nouvelles productions
Méthodologie ponctuellement :
- Lors du démarrage en PMI, il y a une révision médicamenteuse pour chaque patient par le pharmacien clinicien, relu et complété par l’équipe officinale
- Rédaction d’un rapport/patient transmis au pharmacien de l’officine en charge de la MR/MRS
- Collaboration sur le planning de démarrage et communication sur les patients entrants et les nouvelles demandes
Outil : construction d’un portfolio sur les médicaments du top 10 reprenant les IPP, les benzodiazépines, les antipsychotiques, le paracétamol, ACO, ISRS, les statines, L-Thyroxine, le fer et la vitamine D. Ce portfolio se base sur une analyse qui a été faite par systèmes (neuro, digestif, cardio, etc).
L’approche des MR/MRS (avec les deux maisons de repos pilotes, à savoir Les Buissonnets et Mariemont Village)
Méthodologie pour Les Buissonnets :
- MT (médecin traitant) présent parfois avant l’admission et reste le référent du résident en question
- Les médecins intervenants ont été informés du projet au sein l’institution
- Lorsqu’un résident est sélectionné :
- La demande est envoyée à la pharmacie.
- Réception de la révision médicamenteuse de la pharmacienne -> transmission au MT avec le courrier explicatif et un talon réponse avec si possible un contact direct avec un référent
- La révision médicamenteuse reste une proposition, c’est le MT qui décidera de l’appliquer ou non
- La sélection des candidats se fait sur base de critères d’inclusion et d’exclusion définis par l’équipe
Constats :
- Opportunités :
- L’intérêt de certains MT pour la démarche
- Réalisation de réunion pluridisciplinaire toutes les semaines afin d’identifier les résidents polymédiqués
- Présence d’une pharmacienne clinicienne au sein de l’institution de soins
- Les freins :
- Manque de temps de certains MT
- Le transfert des données avec la pharmacienne de manière sécurisée : plusieurs pistes sont recherchées pour trouver la plus adéquate.
- Utilisation de deux canaux de communication différents en interne (une révision médicamenteuse papier et DPI)
Méthodologie pour Mariemont Village :
- Identification des résidents via l’équipe pluridisciplinaire et le MT
- Remplissage de la fiche « Revue de Médication » et collecte des données
- Transmission de la fiche à la pharmacie
- Retour de l’analyse par le pharmacien à l’infirmière en chef
- Partage des informations avec le médecin généraliste via e-Health + copie dans le dossier médical du résident
- Contact avec le médecin généraliste pour consulter la fiche + validation
- Attention difficulté rencontrée lors de la communication avec le MT bloquant la validation médicamenteuse.
Constats :
- Opportunités :
- Utilisation d’une fiche reprenant les médicaments couramment utilisés et les effets indésirables + distribution au sein des services
- Nouvelle formation pour le personnel de soins avec la pharmacienne
- Freins :
- Communication avec les MT
- Manque de contact direct entre la pharmacienne et le MT autour de la révision médicamenteuse
Les éléments émergents du débat, de la discussion de ce symposium :
- Entre 30 et 40% des généralistes en MRS sont favorables à la révision médicamenteuse actuellement. Importance du Médecin coordinateur dans le projet pour améliorer la connaissance de la pratique.
- Les spécialistes initient les traitements et le MG n’ose pas toujours remettre en cause le traitement prescris. Spécialistes parfois inaccessibles ou non ouverts à la discussion, d’autres sont plus faciles d’accès.
- Parfois, il n’y a pas de remise en question par rapport au traitement initial -> Notion d’inertie médicamenteuse, le traitement fonctionne, alors on garde le même.–> Un questionnement est nécessaire et reconnu utile par tous .
- D’autres fois, les MG font face à une résistance au changement du patient, habitué à son traitement et rassuré par celui-ci. Une piste envisagée : la révision médicamenteuse peut se réaliser au sein de l’hôpital de jour gériatrique pour trianguler avec le patient.
- Le temps consacré à une révision médicamenteuse est encore à définir ainsi que la manière de le faire pour qu’il soit le plus efficient possible pour les médecins généralistes. Plusieurs pratiques sont en test.
- Devrait-on faire une éducation thérapeutique sur les patients eux-mêmes en déconstruisant les stéréotypes de la médication présents au sein de la population ?
- Discussion par rapport au logiciel PEPS : le médecin peut ajouter des médicaments sur la plateforme mais ne sait pas si facilement supprimer le médicament.
Vu la nouveauté de la pratique, il est logique d’être confronté à de nombreuses zones d’ombres et interrogations. Nous continuons à travailler la thématique.
Vous trouverez ci-dessous le lien pour les présentations du 1er juin.
https://cloud.pactsante.be/s/MjD7QWG84JNALgS
Si vous souhaitez rejoindre le projet, n’hésitez pas à nous contacter.